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Le Haiku, un outil appréciatif ...


Le haïku-coaching pour ré-enchanter la vie

Danielle Birken a suivi le SPOC « Exploration Appréciative de la Dynamique du MBTI » en 2016 et la formation « Au coeur de l’AI » en 2017. 

Je l’ai interviewée sur la façon dont elle a implémenté cette démarche dans sa formation au haïku comme outil de coaching.

Voici quelques-unes de ses réflexions.

Claire : Danielle, tu as inventé un nouvel outil de coaching : « l’écriture de haïku ». Peux-tu nous en dire plus sur comment cette idée t’est venue ?

Danielle : Je n’ai pas vraiment inventé cette idée ; elle m’a plutôt été confiée à travers mon parcours de vie, cristallisant certains éléments de ma vie : professionnel avec ma pratique du coaching et du team-building depuis 1998, extra-professionnel puisque je suis animatrice d’atelier d’écriture d’haïku depuis 2012 et personnel puisque ma vie familiale m’a conduit à passer plusieurs mois en Asie ; j’y ai découvert les vertus de la pensée poétique ainsi que la force du silence et de l’implicite qui autorise à « ressentir les choses non-dites, détecter les sentiments et les émotions dissimulées. »

Les hasards de la vie ont fait le reste. J’avais remarqué que certains coaches utilisaient le haïku pour aider leur client à synthétiser leurs pensées. Je suis allée bien au-delà en mettant mon professionnalisme d’animatrice d’ateliers d’écriture au service de la formation de coaches voulant utiliser cet outil de façon professionnelle.

Claire : Et quel est cet au-delà ?

Danielle : Quand je me suis formée à l’animation d’atelier d’écriture, j’ai eu l’intuition que l’écriture était un excellent moyen pour faire émerger, à la conscience, des perceptions, des émotions, des représentations dont nous ne sommes pas toujours conscients et qui restent inaccessibles au dialogue en face à face. Dès le début, dans ma pratique d’animatrice d’ateliers d’écriture, j’ai conçu des propositions utilisant le haïku, ce petit poème japonais court, en 5/7/5 syllabes, et j’ai tout de suite été émerveillée de la puissance de ces propositions pour libérer à la fois la magie du réel et l’émotion qu’elle suscite. Toi qui pratique le Kyudo, tu vois sans doute ce que je veux dire puisque tu m’as fortement encouragée dans cette voie, lors de notre rencontre.

Claire : Tu veux dire lorsque tu as participé à mon SPOC de coaching appréciatif à partir du MBTI ?

Danielle : Oui. Lors d’un des exercices proposés, j’ai découvert que l’écriture de haïku contraint chacun à utiliser toutes les potentialités de sa personnalité : aussi bien les perceptions concrètes que l’intuition, la vision ; et aussi bien le centrage sur la réalité externe, objective que la connexion avec ses sentiments internes, ses valeurs, sa subjectivité.

C’est ainsi que j’ai découvert que la vertu du haïku en coaching est bien au-delà de son pouvoir de synthèse. Le réduire à cela, c’est ignorer ce qui en fait l’essence. Dans la formation Haïku coaching que je propose, il s’agit d’aller beaucoup plus loin : nous allons chercher la pensée poétique de nos clients pour les aider à rompre avec des processus de mentalisation parfois très envahissants. Et pour les aider à changer leurs interprétations subjectives de la réalité : ce qui va changer leur vie.

Claire : C’est très lié à la démarche appréciative dont un des principes est le principe constructiviste dont l’idée essentielle est que « nous construisons et nous racontons en permanence des histoires à propos de ce qui se passe dans notre vie. » Ces histoires ne sont que des interprétations. Si nous en changeons, alors notre vie elle-même va changer.

Danielle : Oui. Ecrire des haïkus change l’histoire que nous nous racontons sur notre vie… Avec le recul, je m’aperçois de plus en plus des liens qui existent entre l’écriture de haïku et la démarche appréciative. Elle est aussi très liée, bien sûr, au principe poétique mais aussi au principe positif et, d’une certaine façon, au principe d’anticipation.

Claire : Peux-tu développer ?

Danielle : Oui. Je commence par le plus simple, le principe poétique. L’esprit même du haïku est poétique. Celui qui devient haïku pratiquant choisit de mettre son attention sur un aspect du réel concret ou un autre; et cela va lui donner de la joie même s’il dépeint, dans son haïku, une situation de dépouillement ou de souffrance ; car l’exercice, en soi, oriente le regard vers du beau. Et le haïku est une forme brève de poésie, un instantané qui contraint le haïkiste à un choix qui va à l’essentiel, un choix qui va être déterminant pour la suite.

Claire : Peux-tu nous donner un exemple ?

Danielle : Oui. J’en ai un, très simple. Il me concerne. Dès le début de ma pratique de coach, je me suis positionnée comme coach d’identité. Ce qui était très novateur, dans les années 1990, quand une grande partie du monde de coaching visait la performance d’un client appelé à devenir un champion dans son métier. Aujourd’hui, le coaching de performance est « has been ». Nous sommes tous concernés par la santé, le bonheur, le bien être, l’épanouissement des talents de nos clients, au-delà de leur performance… Quand j’ai écrit mon haïku pour signifier mon métier de coach, voilà ce que j’ai exprimé :

Lueur matinale

Thé vert fumant sur la table

Au fond qui suis-je ?

Il exprime l’essence même de mon identité de coach : aménager un espace de pause, de ressourcement au client pour lui permettre de se connecter à son identité professionnelle profonde, à sa liberté pour faire ses choix en pleine conscience. Ce qui le conduira, comme un bénéfice secondaire, à la performance….

Claire : Et le principe positif ?

Danielle : Par essence, le haïku centre le regard sur ce qui existe dans l’instant présent, ce qui est là, tout simplement; il est une sorte de méditation active permettant au haïku pratiquant de regarder le monde en ramenant des trésors de conscience ; écrire des haïkus ouvre à la contemplation en remettant la personne dans le cycle des saisons, dans le réel simple, quotidien, apprécié comme une ressource. C’est une pratique qui confirme, aujourd’hui, tout ce que la psychologie est en train de découvrir : importance des perceptions présentes et passés, externes et internes, émergences de pensées et de ressentis positifs, prise de conscience et choix des représentations pour nous guider vers le futur désiré….

Claire : là, je vois poindre le principe d’anticipation.

Danielle : oui, le haïku, en nous ancrant dans un réel objectif traversé par notre subjectivité nous donne une sécurité pour avancer vers l’avenir. Il est comme la pointe de l’aiguille de l’acuponcteur qui va libérer l’énergie exactement là où elle doit l’être. Il donne aussi une insoutenable légèreté même dans les épreuves les plus difficiles à traverser ; car il donne du recul, de l’apaisement, de l’humour même quand c’est nécessaire. Il nous libère de la peur du futur en nous ancrant dans un présent sur lequel il est possible de lâcher prise pour tout simplement exister.

Claire : Merci Danielle pour ce partage et ce lien très … poétique et original entre écriture de haïku et l’état d’esprit appréciatif.

Bibliographie et lien :

A la découverte de l’Asie – Rany Keo Kosal et Danielle Birken – Eyrolles 2007

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